Les chroniques littéraires

 

par JH ROCH

 

Entre 2009 et 2014,

JH ROCH a publié une chronique littéraire mensuelle pour

La Belle Vie 50+

RETOUR AU CENTRE D'ACHAT

Août 2012

 

LES SŒURS BEAUDRY

Tome 1, Évelyne et Sarah

 

Par JH Roch

 

Micheline Dalpé méritait bien, après presque 15 ans d’édition à compte d’auteure, de trouver un éditeur digne de son talent.  Les Éditions Goélette, qui nous ont fait découvrir Martin Michaud notamment, ont noblement accueilli une conteuse très adroite et une romancière accomplie.

 

Il semble que le goût des québécois pour les sagas de familles ordinaires, les personnages que nous suivons depuis leur jeunesse pour les voir engendrer de nouveaux personnages qui garnissent l’album-photo de ces familles aimées comme si c’était les nôtres, ce goût semble insatiable.  Tout autant que la nostalgie et la tendresse que nous avons collectivement pour ces époques durant lesquelles les jeunes gens se fréquentaient longuement, les automobiles étaient rares, la religion dictait la morale et le médecin visitait ses malades à la maison.

 

C’est la vie qu’a choisi le docteur Beaudry en quittant Montréal pour retourner dans le coin de pays où il a vu le jour.  Suivi de ses quatre enfants et de son épouse, le docteur achète une maison modeste au centre du minuscule village de Saint-Jacques-L’Achigan pour abriter sa pratique.  Les visites à domicile sont donc plus fréquentes que les consultations en cabinet dans cette région rurale en plein cœur des années 30.

 

La vie change radicalement, et pas forcément pour le mieux, pour les quatre jeunes Beaudry.  Le plus vieux a l’habitude de l’isolement dû à ses multiples handicaps; la plus vieille s’est déjà résignée à son rôle de servante pour la mère dépressive et intransigeante qui régit l’humeur de la maisonnée.  Mais les plus jeunes, Évelyne et Sarah, quittent la vie citadine avec peine.  Destinées, selon leurs parents, à faire de beaux mariages avec de jeunes gens de la même classe sociale, elles seront envoyées à Paris pour parfaire leur connaissance musicale et leur éducation.  Cependant, à leur retour, il devient difficile de fréquenter des fils de notables  car il ne s’en trouve pas dans cette campagne profonde.

 

Comme l’amour avec la jeunesse, ça va de soi, ainsi que le disait Jean-Pierre Ferland, et sans qu’elle puisse ou ne veuille le réfréner, Évelyne accroche son cœur au cou d’un beau jeune homme plein de mérites mais malheureusement cultivateur et Sarah fait pire en s’éprenant du vicaire de la paroisse.

 

La rigueur morale de l’époque fait écho à l’existence très dure des paysans et surtout des paysannes qui accouchent entre deux gros travaux à la ferme en priant pour que le bébé se présente bien.  Mais la rigidité des classes sociales est le carcan des filles éduquées.

 

Il y a tellement longtemps maintenant que nous frémissons devant la tyrannie des parents qui empêchent les candides amours de leurs enfants pour des raisons aussi futiles que la hiérarchie, l’argent, l’intérêt et l’orgueil!  Les parents ont toujours tort.  L’amour est toujours gagnant.  Depuis bien avant Molière, la formule n’a jamais pâli. Et nous y prenons plaisir comme au premier jour du monde!

 

Et à peine aurez-vous tourné la dernière page, avide de connaître la suite de l’histoire, que le Tome 2, Les violons se sont tus, paraîtra en librairie!  Ainsi, tout est bien qui finit bien, comme au bon vieux temps !

 

Les sœurs Beaudry

Tome 1 : Évelyne et Sarah

Par Micheline Dalpé

408 pages

Les Éditions Goélette