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Juillet 2012

 

Si c'était à refaire

Fantaisie autour des actes irrémédiables

 

Par JH Roch

 

L’histoire s’est passée le 9 juillet dernier.  Un homme court le long de l’Hudson River.  À 7h15, il est poignardé dans le dos.  Il s’effondre, conscient d’avoir été victime d’un meurtre.

 

L’instant suivant, il est adossé à un feu de circulation, glacé, tremblant de douleur, sa montre affiche 7h pile. Il ne le sait pas encore mais la date du jour a reculé elle aussi.  Nous sommes maintenant le 7 mai.

 

En rentrant chez lui, il y retrouve la femme qu’il a mariée en juin et qu’il a aussitôt abandonnée pour prendre la décision, la veille de son assassinat, de regagner son cœur coûte que coûte.  Car si c’était à refaire, jamais il ne l’aurait trahie.

 

Cet homme, Andrew Stilman est grand reporter au New York Times. Comme il est intelligent, il se rend vite compte qu’il a la chance de remonter le cours de ses actes irrémédiables et de recommencer sa vie à zéro.  Souhaitant passionnément être et rester le digne époux que sa femme mérite, il se fixe un premier objectif vital : découvrir qui l’a assassiné.  Il a deux mois pour empêcher le meurtre de se reproduire.

 

Le tueur pourrait être une de ses victimes car lorsqu’un article de Stilman paraît dans le célèbre journal, l’irrémédiable a été commis.  À preuve, sa dernière enquête portait sur le trafic de fillettes chinoises.  Il révèle que des petites filles n’ont pas été abandonnées  dans des orphelinats chinois mais ont bel et bien été arrachées à leurs parents pour être introduites frauduleusement dans le marché mondial des adoptions.  Des parents de partout ont cru, jusqu’à ce qu’ils lisent cet article, qu’ils avaient adopté en toute bonne foi un bébé seul au monde.  Des ménages seront brisés par le doute autant que par l’âpre vérité.  ‘Ne tirez pas sur le messager’, dit-on.  Pourtant plus d’une mère adoptive voudra faire porter le poids de sa peine par Stilman.

 

Mais le New York Times ne recule devant aucun sujet difficile. Stilman enquête maintenant sur le douloureux sujet des milliers de disparitions qui ont eu lieu durant les années 70 en Argentine. Disparitions qui suivaient généralement une arrestation par les militaires et une abominable série de tortures.  Les Mères de la Place de Mai à Buenos Aires continuent de réclamer qu’on fasse la lumière sur leurs fils et leurs filles disparus et qu’on condamne les responsables que le gouvernement a si généreusement amnistiés.  Le rapport d’enquête de Stilman en Amérique du Sud, qui justement paraît à la Une le jour même de son assassinat, lui aura fait gagner un grand nombre d’ennemis mortels avant de le projeter vers le Pullitzer!

 

Ce roman de Marc Levy, auteur de best-sellers qui se passe de présentation, se lit comme un bon film hollywoodien.  Efficace, dosant la lourdeur et l’humour à la perfection, offrant des dialogues savoureux dont les acteurs pourraient rêver, avançant vers son dénouement dans une maestria de rebondissements, l’ouvrage comprend passion, violence, amour, sexe, amitié, bon sentiment et turpitude en proportions savamment calculées.

 

Si ce roman était à refaire...?  Impossible!  Il n’y a rien à y changer.  Vous tournerez la dernière page en lecteur heureux d’un auteur heureux !

 

Si c’était à refaire

Par Marc Levy

422 pages

Édition Robert Laffont